Opérations de la division GUEPRATTE aux Dardanelles
Extraits et résumés des rapports officiels
Le 3 novembre 1914, l’escadre franco-anglaise des Dardanelles exécute une action offensive contre les forts de l’entrée des Dardanelles.
La division française prenant part à cette opération était composée des deux cuirassés SUFFREN (Capitaine de vaisseau de MARGUERIE, commandant) portant le pavillon du Contre-amiral GUEPRATTE et VERITE (Capitaine de vaisseau FATOU, commandant). Elle fit subir de graves dommages au fort de Koum-Kalessi qu’elle avait pris pour objectif et reçut les remerciements du Vice-amiral anglais CARDEN, commandant l’escadre alliée.
Le 19 février 1915 au matin commencèrent les opérations du forcement des Dardanelles, sous la direction successive des Vice-amiraux anglais GARDEN et ROBECK.
Les bâtiments français commandés par le Contre-amiral GUEPRATTE y prirent une part active et glorieuse.
Nous parlerons seulement ici des opérations qui se sont déroulées du 19 février au 18 mars 1915 et auxquelles se rapportent les citations rappelées ci-dessus.
Ces opérations comprennent :
- l’attaque et la réduction des forts de l’entrée,
- l’attaque des ouvrages secondaires des Dardanelles et celle des grands forts de Chanack et de la rive opposée,
- le dragage des mines,
- des actions secondaires aux lignes de Boulair, aux golfes d’Adramyti et Smyrne qui seront laissées de côté dans le présent compte-rendu.
- l’attaque des forts de l’entrée (fort d’Helles, de Seddul Bahr, de Koum Kalleh et d’Orhanie) a été effectuée les 19, 25 et 26 février et a abouti à la complète destruction des ouvrages.
19 février – L’attaque devait comprendre 2 phases :
1ère phase : tir à grande distance, direct sur Seddul Barh et Orhanie, indirect sur Helles et Koum Kalleh.
2ème phase : tir à des distances de plus en plus réduites.
Six cuirassés et deux croiseurs franco-anglais prenaient part à cette opération de début :
- INFLEXIBLE, battant pavillon du Vice-amiral CARDEN,
- VENGEANCE, portant le pavillon du Vice-amiral de ROBECK,
- TRIUMPH,
- CORNWALLIS,
- SUFFREN, portant le pavillon du Contre-amiral GUEPRATTE,
- BOUVET,
- GAULOIS,
- AMETHYST.
Le SUFFREN était chargé de réduire Koum Kale, d’abord à grande distance (10500 m) et par tir indirect, ensuite de plein fouet et à des distances de plus en plus réduites. Pour le tir indirect, il s’embossa, ce qui lui permis de pratiquer un vrai tir de polygone, et de causer à l’ouvrage ennemi de graves dommages, succès qui lui valut un témoignage de la satisfaction du Commandant de l’Escadre alliée.
Pendant le tir de plein fouet, le succès s’accentua car il démantela successivement toutes les embrasures lui faisant face, dont les trois pièces de gros calibre s’effondrèrent ou furent ensevelies sous les débris.
L’œuvre entreprise sur Kom Kale semblait bien près d’être achevée, aussi n’était-ce que plus tentant de prendre comme objectif la mordante batterie d’Orhanie, que le SUFFREN pouvait atteindre presque à bout portant, tout en demeurant dans son angle mort, mais l’Amiral ordonna de cesser le feu.
Le SUFFREN, commandé par le Capitaine de vaisseau de MARGUERIE, eut un des rôles les plus brillants de la journée et fut très cordialement applaudi par les Etats Majors anglais.
Le GAULOIS commandé par le Capitaine de vaisseau BIARD avait simplement mission de soutenir le SUFFREN et d’ouvrir le feu sur les batteries de campagne qui se démasqueraient et essaieraient de gêner le bâtiment-amiral.
Le BOUVET commandé par le Capitaine de vaisseau RAGEOT de la TOUCHE était chargé d’apprécier le tir du SUFFREN. Pendant la 2ème phase de la journée, le BOUVET canonna l’ouvrage de Seddul Bahr.
En fin de journée, la VENGEANCE portant la marque du Vice-amiral de ROBECK, se fiant au silence des forts, fit une pointe audacieuse en avant.
Helles, Seddul Bahr et Orhanie ouvrirent sur ce cuirassé une feu nourri qui l’encadra plusieurs minutes, sans lui causer d’autres dommages qu’une vergue brisée, des pavillons déchirés et l’Amiral trempé par l’eau d’une des gerbes.
Les divers bâtiments qui avaient ces batteries sous leur feu (INFLEXIBLE, BOUVET, CORNWALLIS, IRRESISTIBLE au nord, SUFFREN et GAULOIS au sud) attaquèrent ces divers forts pour secourir la VENGEANCE qui vira de bord en ripostant elle-même très vivement.
Quelques instants après, les bâtiments français recevaient l’ordre de cesser le tir et de rallier l’Amiral.
25 février – Le mauvais temps ayant interrompu les opérations depuis le 19, celles-ci furent reprises le 25.
Rapport du Contre-amiral GUEPRATTE
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