COMPTE-RENDU DES OPERATIONS DU 9 AU 14 SEPTEMBRE 1918
 
Prise du MOULIN DE LAFFAUX : 14 septembre 1918
 
L’ordre n° 69/3 de la D.I. prévoyant une attaque sur les positions ennemies depuis la tranchée du Grappin (S.E. du village de Laffaux) jusqu’à la forêt de Pinon, disposait les troupes d’infanterie de la D.I. en 4 groupements :
            1er – 141ème D.I.
            2ème – 3ème R.I.
            3ème – 2ème et 3ème bataillons du 165ème R.I sous le commandement de son colonel.
            4ème – 1er bataillon du 165ème R.I. et bataillon de fusiliers marins, sous le commandement du capitaine de frégate commandant les marins.
 
Préliminaires :
 
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Attaque :
 
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Résultats :
 
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Signé : MARTEL
 
 
 
 
Extrait du rapport du lieutenant de vaisseau ANGER, Commandant le bataillon de fusiliers marins, pour les opérations de la journée du 14 septembre
 
J’extrais du rapport du capitaine VALTEAU ce qui suit :
 
« Nos hommes attaquant avec beaucoup de mordant, les positions allemandes précitées (comprenant 5 lignes successives de tranchées et le Moulin de Laffaux) furent enlevées très rapidement, et l’ennemi fortement bousculé ne se défendit que faiblement AH plus 50 minutes ; l’objectif final de la compagnie, tranchée de Fruty entre 99.37 et 05.36 était atteint. Dès notre arrivée à cet objectif, nous dépassions ce dernier pour attaquer un groupe ennemi fort d’environ 100 hommes qui, de la partie du bois placée au nord de la tranchée de Fruty, nous mitraillait avec vigueur. Après 3 bonds de 50 mètres et une charge à la baïonnette, la partie du bois était à nous ainsi que 70 prisonniers ; le bois purgé d’ennemis, nous reprenions en bon ordre nos emplacements d’arrivée dans la tranchée de Fruty, en liaison gauche avec le 165ème R.I. et à droite avec des éléments de la 1ère compagnie. »
 
Le capitaine VALTEAU avait, au début, été blessé d’éclats de 75 à la main, au bras et au côté. Légèrement pansé, il garda le commandement de sa compagnie.
 
L’enseigne de vaisseau JEANNIN, blessé grièvement également par éclats de 75, avait été évacué.
 
La 3ème compagnie a rencontré de la résistance dans le bois du Moulin et le bois de Fruty. A l’arrivée sur l’objectif fixé, cette compagnie était accueillie par des feux nourris de mitrailleuses ennemies installées dans une partie de la tranchée de Fruty aux environs de 07.36. Le capitaine MARRAST tombait mortellement frappé immédiatement après l’enseigne de vaisseau DUBOIS. Le premier-maître POTIN prenait le commandement de la compagnie après la mort de ces deux officiers ; il assurait la tenue de la position, sa liaison à droite avec le 169ème R.I. et à gauche avec des éléments des bataillons HUBERT et LAFONT.
 
La 1ère compagnie, en soutien de bataillon, avait un peloton spécialement chargé, avec le groupe PASCAUD de lance-flammes, de dégager les carrières de Fruty. Cette opération terminée, la compagnie s’établissait dans des trous d’obus. Vers 9 heures du matin, le capitaine FEUILLADE blessé à la cuisse, remettait le commandement à l’enseigne de vaisseau PERON. Celui-ci, après avoir vérifié l’évacuation par l’ennemi des carrières de Fruty, y laissait jusqu’au 15 au matin une garnison d’une section.
 
La compagnie de mitrailleuses a flanqué le bataillon par le tir de ses sections. La section CASTRES a été particulièrement active dans les bois du Moulin et du Fruty où de ce côté la progression a été assez lente et difficile.
 
La section TRICOT, en réserve, a dû appuyer la gauche de la 2ème compagnie pour battre l’ennemi en retraite dans la direction du Mont de Laffaux.
 
Une des pièces a été mise en batterie à l’entrée d’un abri où se trouvait un fort détachement de 150 à 200 hommes qui ont été faits prisonniers.
 
Au moment de la mise en batterie de son groupe de réserve à l’arrivée sur l’objectif, l’enseigne de vaisseau LE BRETON était mortellement atteint. Quelques minutes après, le capitaine LADONNE, frappé d’une balle à la jambe, remettait le commandement à Monsieur l’officier des Equipages LE DIRAISON ; celui-ci, au milieu des difficultés d’un terrain bouleversé et battu de tirs incessants, a assuré la mise en batterie de toutes ses pièces.
 
Le canon de 37, après avoir assuré le début de la progression en battant les abords immédiats de la grand’ route du Moulin de Laffaux, a mis plusieurs fois en batterie contre les mitrailleuses se révélant après le passage des tirs de barrage.
 
Le service médical a été au-dessus de tout éloge. Le docteur DAUTREVILLE et son groupe ont constamment suivi la progression et se sont arrêtés en première ligne avec la 3ème compagnie jusqu’à ce que celle-ci eût rejoint la Montinette.
 
L’artillerie avait bouleversé le terrain de fond en comble jusqu’à la tranchée de Fruty.
 
Le barrage a peut-être suivi au début d’un peu près par la 2ème compagnie qui aurait désiré le voir progresser un peu plus rapidement, mais la 3ème compagnie, rencontrant de la résistance dans le terrain difficile du Bois du Moulin, a pu tout juste le suivre.
 
En cette journée du 14 septembre 1918, le bataillon de fusiliers marins, sortant des tranchées avec une bravoure et une coordination remarquables, a donné l’exemple de l’obéissance stricte et efficace aux ordres reçus. Il a conquis le Moulin de Laffaux où l’ennemi avait placé des troupes d’élite, mettant un point d’honneur à garder ce sommet historique, tête du Chemin des Dames.
 
Signé : ANGER
   
 
Liste des pertes pour la journée du 14 septembre 1918
 
1)      OFFICIERS
Tués :
            Lieutenant de vaisseau MARRAST
            Enseigne de vaisseau de 1ère classe DUBOIS
            Enseigne de vaisseau de 1ère classe LE BRETON
Blessés :
            Lieutenant de vaisseau FEUILLADE
            Lieutenant de vaisseau LADONNE
            Enseigne de vaisseau de 1ère classe JEANNIN
            Enseigne de vaisseau de 1ère classe RENON
            Officier des Equipages de 2ème classe RUSEFF
            Officier des Equipages de 2ème classe PERON, Gilles.
Blessés non évacués :
            Lieutenant de vaisseau VALTEAU
            Enseigne de vaisseau de 1ère classe PERON, Paul
 
2)      SOUS OFFICIERS ET MARINS
Tués                                        :           36
Disparus                                :           14
Blessés évacués                 :          142
Blessés non évacués          :           12
 
 
24 septembre – Comme un élément de la tranchée de Fruty est encore occupé par l’ennemi, une section de la compagnie PERON, sous les ordres de l’enseigne de vaisseau LE GRAND, décide un coup de main pour s’en emparer. L’affaire fut très vive et on se battit avec acharnement à la grenade pour avoir ce bout de tranchée qu’on occupa définitivement. Trois fois les Allemands contre-attaquèrent et furent repoussés, une quatrième contre-attaque très forte parvint à chasser les marins qui n’avaient plus de munitions, ayant même usé toutes les grenades allemandes qu’ils trouvèrent sous la main. LE GRAND tué.
 
28 septembre – Les ennemis décollent.
 
La poursuite très active conduisit jusqu’à quelques centaines de mètres de l’Ailette.
 
Le 29, en exécution d’ordres précis et entraînée par son ardeur habituelle, la 1ère compagnie tenta le passage du canal sans être sérieusement soutenue à droite, mais dut y renoncer devant une contre-attaque puissante déclenchée par l’ennemi, au cours de laquelle l’enseigne de vaisseau de 1ère classe PERON, commandant la 1ère compagnie et l’officier de 2ème classe des Equipages ABAZIOU, commandant la compagnie de mitrailleuses, furent tués en même temps qu’un grand nombre de leurs hommes.
 
Le 1er octobre, le bataillon relevé est renvoyé au repos.
 
Le 8 novembre, le général DEVILLE, commandant le 16ème Corps d’Armée organisa à Vervins une entrée solennelle des fusiliers marins et du 165ème régiment d’infanterie.
 
Le 11 novembre, jour de l’armistice, le bataillon était à Thenailles.
 
A partir de ce jour, le bataillon opéra les déplacements prescrits par la division, plus de 400 kilomètres à pied. Le 8 décembre, à l’entrée triomphale des troupes françaises à Metz, il était représenté par un détachement de 100 hommes servant de garde à son drapeau.
 
Les 9 et 10 février, il rejoignit Lorient en vue de sa dissolution.
 
Pendant le mois de septembre 1918, le bataillon a perdu 6 officiers tués, 8 officiers grièvement blessés, 112 sous-officiers et marins tués, 233 sous-officiers et marins grièvement blessés, sans mentionner ceux qui furent atteints moins sérieusement et dont les blessures n’occasionnèrent pas une évacuation de longue durée ou qui furent pansés sur place.
 
Mémorial Moulin de Laffaux
 
Ordre n° 87 en date du 17 février 1919 du Général BARTHELEMY, Commandant la 29ème Division d’Infanterie
 
            « La 29ème division perd son bataillon de Fusiliers Marins.
            Trois ans de souffrances communes, de dangers partagés, de glorieux combats menés côte à côte, ont crée entre le bataillon et les autres unités de la Division des sentiments d’inaltérable estime et de profonde sympathie. Son départ sera vivement regretté par tous.
            En saluant une dernière fois le drapeau du Bataillon, le Général commandant la 29ème division tient à rendre hommage à l’esprit d’absolu dévouement, d’abnégation et d’héroïsme dont les officiers et marins ont toujours fait preuve au cours de cette longue campagne.
            Dixmude, Nieuport, Poesele, le Saint-Jansbeck, Hangard, le Moulin de Laffaux en marqueront, pour les Fusiliers Marins, les étapes glorieuses ».
 
 Signé : Général BARTHELEMY
 
Le livre complet relié ou téléchargé : http://www.lulu.com "14/18 citations marine"
 



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